Au Carlton de Cannes, 103 millions d’euros de bijoux volés en quelques secondes… et pas la moindre piste
En juillet 2013, un voleur masqué a dérobé 72 bijoux d’exception exposés au Carlton de Cannes. L’homme n’a jamais été identifié, les diamants se sont volatilisés. Récit d’un casse pas forcément spectaculaire mais redoutable
A bien y réfléchir, une adaptation cinématographique du braquage du Carlton de Cannes, à l’été 2013, ferait un bien mauvais film. Certes, le butin est faramineux : 103 millions d’euros, un record en France. Même le préjudice du récent cambriolage du Louvre est estimé à 88 millions d’euros. Les 72 bijoux dérobés n’ont jamais été retrouvés. Pas plus que le cambrioleur. Un casse parfait, en somme. Mais pour faire un film haletant, il faut un scénario qui maintient le spectateur en apnée, avec des rebondissements, des scènes spectaculaires, des risques insensés. Tout l’inverse de ce qu’il s’est produit il y a une douzaine d’années au sein du mythique palace de la Croisette.
Ce dimanche 28 juillet, vers 11h30, trois vendeuses russes s’affairent sous le regard de trois agents de sécurité au rez-de-chaussée de l’hôtel. Depuis huit jours, le Carlton accueille une exposition-vente exceptionnelle organisée par le joaillier israélien Lev Leviev, l’un des plus prestigieux diamantaires du monde. L’exposition doit ouvrir au public dans quelques minutes. Les bijoux viennent d’être sortis du coffre-fort de la réception et sont en train d’être installés dans les vitrines blindées. Quelques instants pendant lesquels ces pièces exceptionnelles sont particulièrement vulnérables.
72 bijoux, dont 34 d’exception
Ce ballet feutré prend fin brutalement lorsqu’un homme fait irruption dans la pièce en empruntant une porte-fenêtre qui aurait dû être fermée. Sur les images de vidéosurveillance, on le voit armé d’un pistolet automatique, le visage dissimulé sous un foulard et un chapeau sur la tête, mettre en joue le personnel de sécurité. « A terre, ne bougez pas ! », hurle-t-il avant de s’emparer des bijoux. La plupart d’entre eux sont encore dans le sac dans lequel ils ont été placés à la sortie du coffre. Le voleur les enfourne dans sa sacoche puis commence à partir. Une seconde plus tard, il fait demi-tour, constatant que certaines pièces ont déjà été placées sur des présentoirs mais ne sont pas encore protégées. Il les glisse dans son sac puis repart par la fenêtre par laquelle il est arrivé. Le voleur tourne dans une rue perpendiculaire au palace puis s’évapore.
Passée la stupéfaction, vient l’heure des comptes. Le braqueur s’est enfui avec 72 bijoux, dont 34 sont considérés d’exception. Des bagues, des rivières de diamants, des colliers sertis de centaines de pierres précieuses, des diamants d’une taille exceptionnelle… Le butin est d’abord estimé à 40 millions d’euros avant d’être, dès le lendemain, réévalué à la hausse : selon le parquet de Grasse, le préjudice avoisine les 103 millions d’euros. En France, le record était jusqu’alors détenu par le cambriolage en 2008 de la joaillerie Harry Winston à Paris pour un montant de 85 millions d’euros, dont une large partie a été retrouvée.