"C'est vraiment un fléau" : consommateurs, proches et médecins décrivent les vies brisées par le protoxyde d'azote
Extrêmement populaire chez les jeunes, ce produit peut causer de sévères dommages physiques et neurologiques. Dans certains cas, sa consommation peut aussi entraîner la mort.
Publié le 30/12/2025 20:46 Mis à jour le 30/12/2025 21:50
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Extrêmement populaire chez les jeunes, ce produit peut causer de sévères dommages physiques et neurologiques. Dans certains cas, sa consommation peut aussi entraîner la mort.
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À 18 ans, Clara ne fêtera pas le Réveillon avec ses amis. Mais dans une clinique, où elle vient d'être hospitalisée. Ses jambes ne la portent plus. La faute au gaz hilarant, dont elle est devenue dépendante. "Au début, c'était avec les amis. Au bout d'un moment, on commence à se renfermer sur soi-même. Je me lève de mon lit, je pense qu'à faire des ballons, même manger je n'y pense plus. Ce n'est pas sérieux", déplore-t-elle.
Le protoxyde d'azote qu'elle consommait chaque jour a attaqué son cerveau et ses jambes. Elle va rester hospitalisée six semaines. "Nous avons une atteinte principalement des membres inférieurs, des deux jambes, qui touche aussi bien à la motricité qu'à la sensibilité associée à la faiblesse musculaire. Les deux font que votre marche n'est pas adaptée et efficace, avec un risque majeur de chute", lui explique Ali Khaled, médecin au Centre de rééducation L’Oiseau Blanc à Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Le "proto", comme les jeunes l'appellent, est un gaz inhalé dans des ballons. Un gaz hilarant. Mais les intoxications graves ont été multipliées par quatre en trois ans. Pour Clara, la rééducation va être longue et éprouvante. Comme elle, les tout jeunes naufragés du proto sont de plus en plus nombreux. Des jeunes en fauteuil, dont la vie s'arrête net. "Il ne se passe pas un mois sans qu'on ait un patient jeune atteint par le protoxyde d'azote. Ça fait peur", souligne le docteur Ali Khaled.
Au pied même de cette clinique de Mantes-la-Jolie, des dizaines de bonbonnes de protoxyde s'amoncellent. Et en plein cœur de ville, elles jonchent les rues et les buissons. "Et maintenant, ils l'auront même fait en format maxi. Vous voyez ? Et on en trouve vraiment partout, partout, partout. C'est vraiment un fléau", s'inquiète Idriss Bendaoud, médiateur pour l’association "Stop Ballons". L'association dénonce depuis quelques mois les dangers du protoxyde. "Contrairement à quelqu'un qui fume, ne serait-ce que sa première cigarette, en rentrant chez lui, il sent. S'il a bu ou s'il est bourré, ça se voit. Mais avec ça, les parents ne voient rien du tout", indique-t-il.
Eux non plus n'ont rien vu. Le 19 février dernier, un médecin et sa femme ont perdu leur fils, Luc Jouaron. Aide-soignant, musicien, bricoleur et mort à 23 ans après avoir inhalé du protoxyde. Celui même qu'on trouve dans les siphons pour faire de la chantilly. , témoigne Pascale Jouaron, mère de la victime. , regrette, ému, François, le père. Aujourd'hui, le couple ne comprend pas que le protoxyde soit encore légal et se bat pour son interdiction. , estime François Jouaron. , espère Pascale Jouaron.