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Concessions territoriales, garanties de sécurité, élections… Quels sujets pourraient s'inviter à la table des négociations entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump ?
SOURCE:France Info
Les deux présidents ont prévu de se rencontrer dans la résidence de Donald Trump en Floride. Il y sera notamment question de la dernière version du plan de paix proposé par les Etats-Unis fin novembre.
Concessions territoriales, garanties de sécurité, élections… Quels sujets pourraient s'inviter à la table des négociations entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump ?
Les deux présidents ont prévu de se rencontrer dans la résidence de Donald Trump en Floride. Il y sera notamment question de la dernière version du plan de paix proposé par les Etats-Unis fin novembre.
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Publié le 28/12/2025 06:56 Mis à jour le 28/12/2025 10:40
Temps de lecture : 6min
Le président américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une précédente rencontre à la Maison Blanche (Washington, Etats-Unis), le 17 octobre 2025. (TOM BRENNER / AFP)
Ils se voient pour la sixième fois en 2025. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau rendez-vous avec son homologue américain, Donald Trump, dimanche 28 décembre, pour faire avancer les négociations sur la fin du conflit en Ukraine. Cette fois, ce n'est pas à la Maison Blanche mais dans sa villa de Mar-a-Lago (Floride) que le président américain organise cette rencontre, qui fait suite à d'intenses échanges diplomatiques entre l'Ukraine, les Etats-Unis et la Russie ces dernières semaines. Avant ce tête-à-tête, une conférence téléphonique entre Volodymyr Zelensky, plusieurs dirigeants de pays européens et la présidente de la Commission était prévue samedi depuis le Canada.
Comme l'a déclaré le président ukrainien sur X samedi matin, quelques heures après une nouvelle attaque russe de grande ampleur sur Kiev, l'objectif prioritaire de l'Ukraine est de "faire cesser le bain de sang". Mais à quel prix ? Face à une Russie toujours aussi conquérante, le président Zelensky tente de peser au maximum sur les modifications du plan de paix proposé fin novembre par les Etats-Unis, afin d'obtenir des garanties de sécurité moyennant quelques concessions. Voici les principaux sujets que Volodymyr Zelensky et Donald Trump devraient aborder en Floride.
La question des zones démilitarisées se pose toujours
Après quatre années de guerre totale, prolongeant huit ans de conflit larvé dans le Donbass, la Russie contrôle aujourd'hui un peu moins de 20% du territoire ukrainien. Malgré les déclarations triomphantes de Moscou, les soldats russes progressent très difficilement et la ligne de front évolue tout aussi lentement. Dans son plan de paix pour l'Ukraine, Donald Trump propose de geler le front sur ce tracé dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu. Cependant, la création de zones démilitarisées de part et d'autre de la "ligne de contact" fait encore débat.
"Un groupe de travail se réunira pour déterminer le redéploiement de forces nécessaires pour mettre fin au conflit, ainsi que pour définir les paramètres de futures possibles zones économiques spéciales", a déclaré Volodymyr Zelensky mercredi, alors qu'il présentait une mise à jour du plan de paix américain à la presse.
Les quatre régions du sud et de l'est de l'Ukraine traversées par la ligne de front au 9 décembre 2025, selon les données collectées par l'Institute for the Study of War. (FRANCEINFO)
Le président ukrainien tente de limiter au maximum le recul de ses soldats et, à travers cela, des concessions territoriales trop importantes. Mi-décembre, il rapportait que les Etats-Unis souhaitaient un retrait ukrainien des secteurs de la région de Donetsk encore sous contrôle de Kiev. Mais aussi que Washington proposait de maintenir des soldats russes dans le Sud, dans les oblasts de Kherson et de Zaporijjia. Très impopulaire en Ukraine, ce point du plan a toutefois le mérite de faire avancer les discussions, en permettant à Kiev "de sortir de ce trou noir dans la négociation qui devenait un cauchemar", souligne sur son blog Guillaume Ancel, écrivain et ancien officier de l'armée française.
Les Etats-Unis proposent par ailleurs que la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie dans le sud de l'Ukraine, soit exploitée conjointement par Moscou, Kiev et Washington. "Pour l'Ukraine, cela semble très inapproprié et pas tout à fait réaliste", a réagi Volodymyr Zelensky mercredi. Depuis qu'il est revenu au pouvoir, Donald Trump tient un discours proche de celui du Kremlin, déclarant par exemple à la presse américaine que l'Ukraine a "déjà perdu le territoire" de l'est du pays.
Le renoncement de l'Ukraine vis-à-vis de l'Otan n'est pas tranché
La nouvelle mouture du plan américain relayée par le président ukrainien laisse un autre point en suspens : la possible adhésion de l'Ukraine à l'Otan. Il s'agit d'un enjeu fondamental aux yeux de la Russie, qui répète que l'organisation de coopération militaire occidentale fait peser sur elle une menace existentielle.
Volodymyr Zelensky n'a fait aucun cas de cette demande russe, sauf pour rejeter tout engagement juridique contraignant Kiev à ne pas adhérer à l'Otan. Plutôt que de pousser l'Ukraine à inscrire cette obligation dans sa Constitution, "c'est à l'Otan de décider si elle souhaite ou non accueillir l'Ukraine parmi ses membres", a-t-il estimé.
De son côté, Donald Trump s'est aligné sur la position russe, en s'opposant à une entrée de l'Ukraine dans l'Otan. Le président américain propose à la place une garantie de sécurité similaire à l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord, qui assure un soutien militaire en cas d'agression armée. Mais, comme le relève le site d'information américain Axios, les contours de cette proposition sont encore très flous.
L'idée d'une élection présidentielle en Ukraine reste sur la table
En début d'année, Donald Trump a publiquement remis en cause la légitimité de Volodymyr Zelensky, en le traitant notamment de "dictateur sans élections". Ces mots durs faisaient écho une fois encore aux discours de Vladimir Poutine, qui justifie régulièrement sa guerre en Ukraine en jurant qu'il s'attaque à une "dictature" et un "régime néonazi". Dans les faits, le président ukrainien ne retient pas le pouvoir, mais son mandat est prolongé de fait car aucune élection n'est autorisée par la Constitution ukrainienne tant que la loi martiale est en vigueur. Depuis le début de l'invasion russe, les députés ukrainiens ont toujours voté pour prolonger cet état d'exception.
A plusieurs reprises, Volodymyr Zelensky s'est engagé à organiser des élections dès que la situation le permettrait. En juillet, il a également confié le remaniement du gouvernement à la nouvelle Première ministre, Ioulia Svyrydenko. Mais Donald Trump a récidivé mi-octobre en déclarant à Politico que l'Ukraine "utilise la guerre pour ne pas organiser d'élection". Depuis cette sortie, le président ukrainien se dit "prêt" à planifier un scrutin rapidement, mais seulement si un accord de paix est signé avec la Russie.
En coulisses, l'Ukraine discute de ces points depuis de longues semaines avec ses partenaires, dans le but de "coordonner les positions" et d'assurer "une productivité maximale" lors de la rencontre avec Donald Trump, comme l'a déclaré la présidence ukrainienne en amont du tête-à-tête... tout en assurant que "l'accord se rapproche".