Cyberharcèlement : la fonction AirDrop d’Apple de plus en plus utilisée par les agresseurs
La fonction AirDrop d’Apple est en train de devenir un outil de harcèlement sexuel. Le phénomène prend de l’ampleur, de plus en plus de femmes s’en plaignent.
Publié le 27/12/2025 21:05
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La fonction AirDrop d’Apple est en train de devenir un outil de harcèlement sexuel. Le phénomène prend de l’ampleur, de plus en plus de femmes s’en plaignent.
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Sans le savoir, vous êtes peut-être entouré d'utilisateurs de cette fonctionnalité. AirDrop permet d'envoyer des fichiers à des appareils à proximité, parfois utilisée pour draguer, voire pour transférer des images à caractère sexuel. Laura Margato a reçu la photo d'un inconnu via AirDrop dans les transports en commun. "C'est un mec qui a marqué, "t'es trop belle" avec des petits cœurs", décrit-elle. Impossible pour elle de retrouver l'auteur de la photo. "Par chance, ce n'était pas des photos problématiques. Pour le coup, j'aurais été énervée, je pense", raconte-t-elle.
Concrètement, comment est-il possible d'envoyer une photo à un inconnu ? AirDrop fonctionne entre deux appareils Apple à 10 m maximum de distance. Quand un utilisateur veut partager une photo, il doit activer cette fonctionnalité pour envoyer son contenu au téléphone détectable à proximité. De son côté, la personne ciblée peut choisir de refuser ou d'accepter ce fichier. Un outil détourné pour aborder des inconnus, comme l'attestent des vidéos sur les réseaux sociaux. Des tentatives dénoncées par les personnes ciblées. Ces envois ont même déjà immobilisé un avion. Aux États-Unis, un vol a été retardé à cause d'une photographie intime envoyée via AirDrop.
Des photos de nu, un étudiant en a lui aussi reçu dans un autre avion. "On supprime directement et après on passe à autre chose. Mais on sait que parfois ça peut être malveillant", lance-t-il. Une autre étudiante, à elle, a été exposée à des dessins à caractère sexuel. "C'est pas très agréable, surtout dans un lieu public", confie-t-elle.
Face à ces intrusions, Apple a limité l'ouverture d'AirDrop à tout le monde à 10 minutes maximum. Passé ce délai, la fonctionnalité n'est accessible qu'à ses contacts uniquement. Il est aussi conseillé de renommer son téléphone avec un pseudo, plutôt qu'avec sa véritable identité, et des précautions d'autant plus nécessaires que, désormais, certains téléphones Android sont compatibles avec AirDrop. "Le plus probable, c'est qu'en 2026, toutes les marques ayant un système Android adoptent la technologie AirDrop d'Apple. Le risque, c'est que ça élargisse le champ des possibilités pour les personnes qui voudraient abuser de cette fonctionnalité", détaille Nicolas Lellouche, journaliste à Numérama.
L'envoi de photos intimes non sollicitées s'apparente à du cyberharcèlement. L'auteur risque jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.