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Guerre en Ukraine : quels sont les points "épineux" qui bloquent encore un accord de paix, après la nouvelle rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ?
SOURCE:France Info
Malgré des désaccords persistants entre les deux belligérants, le président américain a une nouvelle fois estimé dimanche être plus près que jamais d'un accord pour mettre fin au conflit entre l'Ukraine et la Russie.
Guerre en Ukraine : quels sont les points "épineux" qui bloquent encore un accord de paix, après la nouvelle rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ?
Malgré des désaccords persistants entre les deux belligérants, le président américain a une nouvelle fois estimé dimanche être plus près que jamais d'un accord pour mettre fin au conflit entre l'Ukraine et la Russie.
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Publié le 29/12/2025 12:30
Temps de lecture : 9min
Donald Trump s'exprime au côté du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d'une conférence de presse à l'issue de leur rencontre à Mar-a-Lago, en Floride, le 28 décembre 2025. (JOE RAEDLE / GETTY IMAGES / AFP)
Donald Trump est-il près du but ? Après s'est entretenu avec Vladimir Poutine et après avoir reçu Volodymyr Zelensky dans sa résidence de Mar-a-Lago, dimanche 29 décembre à Palm Beach (Floride), le président américain a affiché son optimisme pour trouver une issue à la guerre en Ukraine. "Ça a été unenégociation très difficile", a déclaré le chef d'Etat américain lors d'une conférence de presse, où il a évoqué de "nombreux progrès", sans toutefois détailler aucune avancée concrète. "Je ne veux pas dire quand, mais je pense que nous allons y arriver", a-t-il assuré.
Volodymyr Zelensky s'est également révélé enthousiaste en prenant la parole au côté du président américain. Il a évoqué de "grandes avancées", en évaluant à "90%" la part du nouveau plan de paix américain en vingt points qui a été "approuvée". Même son de cloche lundi matin du côté du Kremlin, où le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a confirmé que les pourparlers étaient désormais dans leur phase finale.
Le projet d'accord a été retravaillé ces dernières semaines par la Maison Blanche, après d'âpres négociations réclamées par Kiev, qui jugeait la première version dévoilée fin novembre beaucoup trop proche des revendications russes. Le nouveau plan de paix devra désormais être soumis à un référendum en Ukraine, a annoncé lundi Volodymyr Zelensky au média RBK. Mais avant d'en arriver là, plusieurs points cruciaux restent en suspens.
Les concessions territoriales sur le Donbass
Donald Trump a reconnu dimanche qu'il demeurait encore "un ou deux points épineux" pour régler le conflit en Ukraine. La question des concessions territoriales reste la plus délicate. La nouvelle version du plan américain propose un gel du front sur les positions actuelles dans les régions (oblasts) de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, sans offrir de solution immédiate face aux revendications territoriales du Kremlin. La Russie, qui contrôle actuellement environ 20% de l'Ukraine, souhaite que les oblasts de Louhansk et Donetsk, les deux territoires qui composent le Donbass, soient reconnus comme des régions russes.
Les quatre régions du sud et de l'est de l'Ukraine traversées par la ligne de front au 9 décembre 2025, selon les données collectées par l'Institute for the Study of War. (FRANCEINFO)
Après l'entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Donald Trump, le Kremlin a une nouvelle fois demandé à l'Ukraine de retirer ses troupes du Donbass afin de "mettre fin" à la guerre. Cette demande russe est jugée inacceptable par Kiev depuis le début des négociations. "Nous nous rapprochons beaucoup, peut-être même de très près" d'un accord sur la question du Donbass, a toutefois assuré dimanche Donald Trump. Washington a récemment proposé de transformer les régions traversées par la ligne de front en zones économiques libres. Volodymyr Zelensky a confirmé lundi des discussions sur la création d'une "zone économique spéciale" dans le Donbass.
La gestion de la centrale de Zaporijjia
Après quatre années d'une guerre éprouvante, la question énergétique reste majeure pour l'Ukraine. Dans ce contexte, la centrale nucléaire de Zaporijjia, actuellement à l'arrêt et occupée par les soldats russes, est un autre point de tension. Avec ses six réacteurs et une capacité de production de près de 6 gigawatts d'électricité, Zaporijjia est la plus grande centrale nucléaire d'Europe. Dans leur dernière proposition, les Etats-Unis proposent que la centrale, située dans le sud de l'Ukraine, soit exploitée conjointement par Moscou, Kiev et Washington. Chaque partie aurait une part égale dans la gestion de l'entreprise. Mais pour Volodymyr Zelensky, cette solution "semble très inappropriée et pas tout à fait réaliste".
Les autorités ukrainiennes refusent que la Russie exerce un contrôle sur la centrale. Comme le détaillent Les Echos, Kiev milite pour un contrôle exercé par une co-entreprise américano-ukrainienne, avec 50% de l'électricité produite destinée au territoire ukrainien, le reste de la production étant gérée par les Etats-Unis. Volodymyr Zelensky réclame par ailleurs la démilitarisation de la région de Zaporijjia "pour que tout cela puisse fonctionner en toute sécurité". Sans annoncer d'accord sur le devenir de la centrale, Donald Trump a annoncé dimanche que "la centrale de Zaporijjia pourrait être remise en service très rapidement" en cas d'accord de paix.
Les garanties de sécurité pour l'Ukraine
C'est le point qui semble le plus avancé. Volodymyr Zelensky a évoqué lors de sa conférence de presse conjointe avec Donald Trump des "garanties de sécurité" pour l'Ukraine "approuvées" pour certaines et "presque approuvées" pour d'autres. L'Ukraine exige notamment la démilitarisation des régions de la ligne de front et la présence d'une force internationale pour garantir la stabilité de la zone. "Il y aura des garanties de sécurité. Elles seront fortes. Et les pays européens sont très impliqués", a également assuré le président américain. Emmanuel Macron a d'ailleurs annoncé dans la foulée une réunion des alliés de Kiev à Paris début janvier, autour de cette question.
Dans sa dernière proposition, Washington propose de limiter l'armée ukrainienne à 800 000 personnes en temps de paix, mais propose aussi des garanties calquées sur l'article 5 de l'Otan, qui prévoit une défense collective quand un membre de l'organisation est attaqué. Une nouvelle attaque de la Russie entraînerait donc une réponse militaire des alliés de l'Ukraine et le rétablissement des sanctions contre les intérêts russes. Mi-décembre, Volodymyr Zelensky avait réclamé des détails sur les intentions américaines concernant ces garanties de sécurité. "Les Européens vont porter une grande partie de la charge mais nous allons bien sûr les aider", a expliqué dimanche Donald Trump.
L'un des points qui reste à déterminer concerne la durée de ces garanties de sécurité. "Les documents prévoient [à ce stade] une durée de 15 ans, avec possibilité de prolongation. J'ai soulevé cette question auprès du président [américain]. Je lui ai expliqué que nous sommes déjà en guerre depuis près de 15 ans, a expliqué Volodymyr Zelensky au média public Suspilne. C'est pourquoi je souhaiterais vivement que les garanties soient plus longues. Je lui ai dit que nous serions prêts à envisager une durée de 30, 40, voire 50 ans. Ce serait alors une décision historique de la part du président Trump. Il a dit qu'il y réfléchirait."
La confiance accordée à la parole du Kremlin
L'Ukraine réclame toujours des garanties de sécurité solides, car elle n'a pas confiance dans les engagements pris par la Russie de Vladimir Poutine. Volodymyr Zelensky a expliqué lundi aux médias ukrainiens que l'ensemble des 20 points du plan de paix avait été évoqué un à un entre Donald Trump et Vladimir Poutine. "J'ai dit au président [américain] que c'est très important pour nous. Ce n'est pas la première fois que [Vladimir] Poutine dit une chose et en fait une autre", a commenté le dirigeant ukrainien.
"Il est important pour nous que les paroles soient suivies d'actes."
Volodymyr Zelensky
aux médias ukrainiens
Donald Trump juge de son côté le maître du Kremlin tout aussi "sérieux" que Volodymyr Zelensky dans sa volonté de mettre fin au conflit.
L'armée russe a encore pilonné samedi Kiev et sa région, privant plus d'un million de foyers d'électricité durant des heures. La Russie, qui a trouvé en Donald Trump un relais efficace pour porter certaines de ses revendications, refuse toujours toute idée de cessez-le-feu et réclame un règlement complet du conflit. "L'Europe et l'Union européenne sont devenues le principal obstacle à la paix", a de nouveau lancé dimanche le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.