Il y a cinquante ans, quand « Le Monde » rendait compte du phénomène porno
« 1975-1976, les années “classées X” » (2/5). Au cœur des années 1970, alors que l’immense succès des films érotiques et pornographiques fait débat en France, le quotidien, comme d’autres médias, s’intéresse à ce sujet de société.
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Jacques PRAYER
1975-1976, les années « classées X »
L’épisode 3 sera disponible prochainement.
1975-1976, les années « classées X »
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Publié hier à 19h00, modifié à 01h37
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Série« 1975-1976, les années “classées X” » (2/5). Au cœur des années 1970, alors que l’immense succès des films érotiques et pornographiques fait débat en France, le quotidien, comme d’autres médias, s’intéresse à ce sujet de société.
La légende veut que la rédaction en chef du New York Times au grand complet se soit rendue en 1972 au cinéma voir Gorge profonde de Gerard Damiano, le premier film pornographique à devenir un phénomène de société aux Etats-Unis. A Paris aussi, Le Monde s’est intéressé à un tel film, en l’occurrence le vrai-faux documentaire Exhibition, de Jean-Francois Davy (1945-2025), un succès de l’été 1975 avec pas loin de 2 millions de spectateurs. Le journaliste Bruno Frappat, futur directeur de la rédaction du quotidien puis de celle du journal catholique La Croix, fut dépêché à une séance.
A dire vrai, il ne s’agissait pas d’une première pour Le Monde. En 1974, un autre de ses journalistes, Jacques Siclier, avait poussé les portes, sur les grands boulevards de la capitale, d’un cinéma spécialisé. Un endroit particulier : projection permanente et jauge limitée pour un public d’hommes seuls, très seuls. Le film qui fait alors sensation chez les initiés, La Bonzesse (François Jouffa, 1974), brode sur la libération sexuelle d’une jeune femme sur fond de pseudo-sagesse orientale. Son succès s’explique avant tout par la rumeur selon laquelle il contiendrait des scènes de sexe non simulées.
Dans son article, Jacques Siclier invoque le célèbre Belle de jour (1967) de Luis Buñuel (1900-1983) pour mieux critiquer la nullité de ce type de production érotique. Mais il va plus loin : étrangement, il déplore que l’amour y soit simulé, qui plus est par de mauvais acteurs, comme s’il était courant de reprocher aux protagonistes d’un film violent de ne pas réellement s’entre-tuer.