Marathon, Hyrox, Iron Man… Est-ce qu’on n’en fait pas un peu trop avec le « dépassement de soi » ?
Le sport est bon pour la santé, c’est indéniable. Mais à force de glorifier le challenge et la performance, ne banalise-t-on pas une certaine maltraitance pour son corps ?
On a tous un copain qui s’entraîne pour un marathon, un ultra-trail ou une compétition sportive en vogue. Et parfois, ce copain… c’est nous-mêmes. On a tenté le crossfit, puis on s’est converti à l’Hyrox, en catégorie solo pro (sinon, ce n’est pas drôle). Mais à l’heure où les défis sportifs se multiplient, la frontière entre dépassement de soi et excès semble de plus en plus floue. 20 Minutes a cherché à comprendre comment cette envie de se challenger peut parfois nous faire basculer dans l’excès.
Le cercle (vicieux ?) de la dopamine
C’est comme une relation toxique. Dans l’effort, on retrouve un plaisir addictif : la dopamine. Un moteur puissant, qui alimente le sentiment de « toujours plus », du défi suivant à cocher. Le marketing l’a bien compris et joue dessus pour continuer de nous stimuler avec de nouveaux concepts. Ça ne date pas d’hier, « on l’a vu avec la mode de l’aquabiking, de l’électrostimulation, et aujourd’hui c’est le Pilates Reformer qu’on voit partout », constate Patrick Rizzo, cofondateur de L’Usine, salle de sport premium.
« Il y a toujours eu des pics d’activités avec des sports qui deviennent plus populaires par saison. Avant, c’était le crossfit, aujourd’hui c’est l’Hyrox ». Que les salles de sport réagissent face à ces phénomènes émergents n’est pas le problème. « On est là pour répondre à la demande au moment où ces sports rencontrent le plus de succès, c’est le jeu », reconnaît Patrick Rizzo. Celui-ci confie d’ailleurs avoir installé des pistes pour les traîneaux (sled push, sled pull) dans ses salles de sport, ainsi que des cours collectifs spécifiques, justement dédiés aux entraînements Hyrox.
Là où ça coince, c’est quand cette quête du dépassement de soi s’étend à des épreuves de plus en plus exigeantes, réalisées « au talent », sans véritable préparation. « Faire un Hyrox ou un marathon, n’est pas un problème », nuance Patrick Rizzo. « Le sport c’est la longévité. Et on a aussi une clientèle jeune qui a besoin de se décharger physiquement ».
Mais sans accompagnement ni plan d’entraînement, on se laisse dicter par la recherche du challenge, sans écouter son corps, et l’on finit par se blesser. « La qualité vaut mieux que la quantité », insiste le propriétaire de L’Usine. Un principe que rappelle également le kinésithérapeute et ostéopathe du sport, Hemrick Verwaerde, pour qui l’activité physique doit avant tout s’inscrire dans une logique d’équilibre.