« Nous avons vécu l’enfer » : au Soudan, la lente résurrection de Khartoum
Guerre au Soudan, une nation prise au piège (2/6). Principale ligne de front pendant deux ans, la capitale a été reprise en mars par l’armée régulière. Depuis, la ville tente de renaître de ses cendres.
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ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »
Guerre au Soudan : une nation prise au piège
L’épisode 3 sera disponible prochainement.
Guerre au Soudan : une nation prise au piège
L’épisode 3 sera disponible prochainement.
Par Eliott Brachet et Abdulmonam Eassa
Publié aujourd’hui à 05h00, modifié à 15h49
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ReportageGuerre au Soudan, une nation prise au piège (2/6). Principale ligne de front pendant deux ans, la capitale a été reprise en mars par l’armée régulière. Depuis, la ville tente de renaître de ses cendres.
A Khartoum, il n’est pas rare d’être enterré deux fois. Dans la cour d’une école, résonnent des coups de pioche. Puis les zips de sacs mortuaires qu’on referme prestement. Se tenant à l’écart, des pleureuses sont venues verser les larmes qui n’ont pas pu couler plus tôt. Ici, un commerçant prénommé Abdelmoneim, mort d’une crise cardiaque, est exhumé. Là, « un Ethiopien » à l’identité inconnue, tué d’une balle perdue en pleine rue. Le troisième ? Personne n’en sait rien.
Ceux-là seront ensevelis dans une section à part, un os en moins – prélevé pour l’ADN. « On les conserve au cas où des familles recherchent leurs disparus », indique le docteur Hisham Zein El-Abdeen. Sous la supervision de l’autorité de médecine légale de l’Etat de Khartoum, plus de 15 000 corps ont été déterrés du ventre de la capitale depuis sa reprise par l’armée régulière en mars. Identifiés ou non, ils sont remis en terre dans les cimetières attenants.
Les fossoyeurs ont encore des mois devant eux pour passer au peigne fin chaque quartier, à la recherche des vies englouties par la ville. Epicentre de la guerre depuis les premiers affrontements entre les deux armées du Soudan, le 15 avril 2023, Khartoum est restée pendant près de deux ans la principale ligne de front. Cernés par les combats, ses habitants ont souvent été contraints d’inhumer leurs morts à la hâte, enfouis dans les jardins, les cours des mosquées ou au bord des routes.