« On a volé La Joconde »… Comment le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci a été dérobé au Louvre en plein jour
Bien avant les joyaux de la couronne dérobés cet automne, un vol d’ampleur a marqué l’histoire du musée du Louvre : celui de « La Joconde » en 1911. Le chef-d’œuvre sera retrouvé deux ans plus tard à Florence, en Italie
Que serait le Louvre sans La Joconde ? Le musée accueillerait-il autant de visiteurs s’il n’avait pas entre ses murs le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci, probablement le tableau le plus célèbre du monde ? Cette question a bien failli se poser. Pas à l’automne dernier, lorsque les bijoux de l’impératrice ont été dérobés – la protection de La Joconde est autrement plus conséquente, mais en 1911. La toile a été subtilisée en plein jour pour ne réapparaître que deux ans plus tard à Florence, en Italie. « C’est un tableau qui a été célèbre dès le moment où Léonard de Vinci a commencé à le peindre, mais il est vraiment devenu une icône mondiale après ce vol », précise Jérôme Coignard, historien d’art et auteur d’Une femme disparaît (ed. Le Passage, 2011), consacré à cette affaire.
L’alerte est donnée le mardi 22 août 1911 par le peintre Louis Béroud. Ce matin-là, l’artiste se rend au musée pour faire un croquis pour sa future toile - Mona Lisa au Louvre. Mais en arrivant dans le Salon carré, où l’œuvre est exposée, son élan est stoppé net. La toile n’est plus au mur. Il se rapproche alors des gardiens qui ne font pas montre d’une grande inquiétude : l’œuvre du génie italien a sûrement été décrochée pour être photographiée. Mais après vérification, ce n’est pas le cas. Le musée est alors fouillé de fond en comble. Rien. Ou presque. Dans un escalier de service sont découverts le cadre et la vitre de protection de la toile. Il faut s’y résoudre : le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci a bel et bien été volé.
Douze gardiens dans le musée
« Peu avant les faits, la sécurité avait pourtant été renforcée, notamment en installant un éclairage la nuit et en renforçant le gardiennage, précise Jérôme Coignard. Même si à l’époque, les vols d’œuvres d’art n’étaient pas aussi fréquents qu’aujourd’hui, le directeur du musée avait conscience d’un certain nombre de faiblesses en la matière. » L’enquête prend immédiatement une dimension nationale. Le préfet débarque, l’affaire fait les gros titres de la presse illustrée, en plein essor. « On a volé La Joconde », titrent-ils à l’unisson. Rapidement, les enquêteurs acquièrent la certitude que la toile a été dérobée la veille, lundi, jour de fermeture du musée.
Les 24 premières heures, cruciales dans ce genre d’enquête, ont ainsi été perdues. Toutefois, les policiers disposent d’un élément déterminant : une empreinte de pouce très nette sur la vitre qui protégeait la toile. Depuis 1903, la préfecture de police a commencé à recueillir les empreintes des personnes arrêtées. L’idée est novatrice mais la mise en application est balbutiante : il n’existe pas de technique de traitement automatisée et chaque fiche doit être vérifiée manuellement. Un travail titanesque.