Propos homophobes et islamophobes, admiration pour Jean-Marie Le Pen et Vladimir Poutine… Quand B.B. créait la polémique
Derrière son succès à l'écran et son combat pour les animaux, Brigitte Bardot a aussi été épinglée plusieurs fois pour des propos orientés à l'extrême droite, et d'autres pour lesquels elle été condamnée.
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Article rédigé par franceinfo - Lou Momège
Radio France
Publié le 28/12/2025 14:19
Temps de lecture : 5min
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Brigitte Bardot à Paris le 11 mai 2005 (Christophe Morin / MAXPPP)
Jordan Bardella salue la mémoire d'"une ardente patriote", Marine Le Pen rend hommage à une femme "libre, indomptable, entière". Les deux représentants du Rassemblement national figurent parmi les premières personnalités politiques à avoir réagi à la mort de Brigitte Bardot, dimanche 28 décembre, une icône française qui ne cachait pas son appétence pour l'extrême droite.
L'actrice, qui a créé en 1986 la Fondation Brigitte-Bardot, s'est éteinte à l'âge de 91 ans. Si elle a dédié une large partie de son existence à la protection animale, derrière ce combat se cachaient également des prises de position réactionnaires, voire discriminatoires. Ses propos et positionnements politiques, qu'elle assurait guidés par la cause animale, ont posé question à plusieurs reprises.
Se revendiquant "femme libre", lorsque Brigitte Bardot arrête sa carrière au cinéma en 1973, elle se positionne toutefois contre le Mouvement de libération des femmes (MLF). "Si [les militantes] sont si malheureuses, c'est qu'elles ne veulent plus être ce qu'elles sont. Ne plus être l''objet'. Mais revendiquer les droits propres aux femmes", estime-t-elle auprès du magazine suisse Illustré, qualifiant le mouvement de "comique et idiot".
En 1992, ses liens avec l'extrême droite se matérialisent, alors qu'elle épouse l'homme d'affaires Bernard d'Ormale, rencontré chez Jean-Marie Le Pen. Dans sa biographie Initiales B.B., elle écrit d'ailleurs que le président du Front national de l'époque est "un homme charmant, intelligent, révolté comme moi par certaines choses". Elle assume également dans cet ouvrage partager ses idées concernant "la poussée terrifiante de l'immigration".
Entre 1997 et 2008, Brigitte Bardot est condamnée à plusieurs reprises par la justice pour ses propos islamophobes. Elle s'oppose fermement aux conditions d'abattage des moutons pendant l'Aïd. Dans les colonnes du Figaro en 1996, elle déplore que la France soit "envahie, avec la bénédiction de nos gouvernements successifs, par une surpopulation étrangère, notamment musulmane, à laquelle nous faisons allégeance". À plusieurs reprises, elle tiendra des propos jugés comme incitant à la haine raciale dans des lettres ouvertes contre l'Aïd.
Dans son livre Un cri dans le silence, paru en 2003, B.B. tient une fois encore des propos violents à l'égard des musulmans. "Depuis une vingtaine d'années, nous nous soumettons à une infiltration souterraine et dangereuse, non contrôlée, qui, non seulement ne se plie pas à nos lois et coutumes, mais encore, au fil des ans, tente de nous imposer les siennes", écrit-elle notamment. Ces écrits lui valent une condamnation de 5 000 euros pour incitation à la haine raciale. Elle décrit aussi dans ce livre certains homosexuels comme des "lopettes de bas étage, travelos de tous poils, phénomènes de foire" et fustige le métissage, ou encore l'accueil de clandestins.
L'actrice est également condamnée en 2021 pour ses propos sur les Réunionnais, qu'elle traite de "population de dégénérés" dans une lettre ouverte en 2019 où elle dénonce leur traitement des animaux. Brigitte Bardot est alors condamnée en première instance à 20 000 euros d'amende pour "injures publiques à caractère racial".
En 2012, B.B. appelait les maires de France à apporter leurs parrainages à Marine Le Pen, alors candidate à la présidentielle. Elle annonce par ailleurs voter pour cette "femme admirable". Lors de la présidentielle de 2017, elle appelle à faire barrage à Emmanuel Macron, fustigeant son programme concernant la cause animale. Si elle ne précise pas si elle vote FN, elle considère toutefois Marine Le Pen comme "la Jeanne d'Arc du XXIe siècle".
Brigitte Bardot soutient ensuite Eric Zemmour, au début de la campagne présidentielle de 2022. Mais ses propos sur la chasse la déçoivent et elle se tourne finalement vers Nicolas Dupont-Aignan. La même année, B.B. assume ne pas être vaccinée contre le Covid-19, étant "allergique à tous les produits chimiques", comme elle le confesse au magazine Gala.
"J'ai eu un espoir insensé quand le Front national a fait des propositions concrètes pour réduire la souffrance animale. Mais j'ai aussi sollicité Mélenchon […]. Si demain un communiste reprend les propositions de ma fondation, j'applaudis et je vote", assure la star de cinéma, brandissant sans cesse la cause animale comme ligne directrice de ses engagements.
En 2013, elle va jusqu'à menacer de prendre la nationalité russe, afin de sauver deux éléphantes, destinées à être euthanasiées car malades. Brigitte Bardot ne cache pas son admiration pour Vladimir Poutine qui, selon elle, a fait plus pour la cause animale que les présidents français. "Je lui trouve beaucoup d'humanité. À chaque fois que je lui demande quelque chose, en principe, il me l'accorde", confie-t-elle dans Nice-Matin.