Tennis : gestion des attentes, nouveau statut et quête d'un niveau moyen... Quels défis pour Loïs Boisson en 2026 ?
SOURCE:France Info
Après avoir atteint la demi-finale de Roland-Garros cette année, la joueuse française sera très attendue en 2026, notamment sur terre battue, sa surface de prédilection, alors qu'elle découvre encore le circuit WTA du haut de ses 22 ans.
Après avoir atteint la demi-finale de Roland-Garros cette année, la joueuse française sera très attendue en 2026, notamment sur terre battue, sa surface de prédilection, alors qu'elle découvre encore le circuit WTA du haut de ses 22 ans.
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié le 29/12/2025 07:00
Temps de lecture : 7min
Loïs Boisson a remporté le tournoi WTA 250 de Hambourg (Allemagne), sur terre battue, le 20 juillet 2025. (DANIEL BOCKWOLDT / SIPA)
Une saison marquante. L'année 2025 restera comme celle de l'éclosion de Loïs Boisson au plus haut niveau. Demi-finaliste à Roland-Garros, la joueuse de 22 ans s'est révélée dès sa première participation. Invitée par les organisateurs, la Dijonnaise, alors 361e mondiale à la WTA et novice dans un tableau principal en Grand Chelem, a bluffé son monde par son style de jeu athlétique de terrienne et sa puissance de frappe, battant au passage deux top 10 à la suite (l'Américaine Jessica Pegula et la Russe Mirra Andreeva). Résultat : près de 300 places gagnées au classement mondial et une entrée dans le Top 70.
En plus de sa demi-finale porte d'Auteuil, Loïs Boisson a remporté, le mois suivant, son premier titre WTA 250 à Hambourg (sur terre battue), soit son deuxième sacre sur le circuit WTA après sa victoire à l'Open de Saint-Malo (WTA 125) en 2024. Grâce à un ratio de 79% de victoires sur l'ocre cette saison (sept défaites pour 26 victoires), partagé entre le circuit secondaire et principal, Loïs Boisson a atteint le meilleur classement de sa carrière en finissant l'année à la 36e place mondiale.
Autant d'étapes franchies à toute vitesse qu'elle doit désormais digérer afin de se tourner vers la saison prochaine. "Elle a déjà eu plusieurs mois pour assimiler ses résultats. Elle a notamment confirmé avec son titre à Hambourg, et a essayé de progresser sur une surface qui était moins la sienne, le dur. Elle doit garder la tête froide, même si ce n'est pas forcément évident, d'autant plus lors du prochain Roland-Garros, où elle sera forcément très attendue. Pour autant, il ne faut pas être dans l'urgence de la saison 2026", estime Arnaud Clément, qui appelle la joueuse à ne pas se précipiter dans sa quête de progression.
"Tout est nouveau pour elle. Même sans parler de l'aspect financier, elle s'est retrouvée à jouer des nouveaux tournois auxquels elle ne pouvait pas accéder auparavant, complète Nicolas Escudé, ex-top 20 et consultant pour Eurosport.
"Elle a dû rapidement assumer un statut, et découvrir les sollicitations qui vont avec. Ce sont des choses à digérer, assimiler et appréhender."
Nicolas Escudé, ex-top 20 mondial
à franceinfo: sport
"Ce qui sera le plus nouveau et marquant, pour elle et son staff, poursuit l'ancien directeur technique national, va être de se fixer de nouveaux objectifs, qu'ils soient à moyen et long terme, avec une projection qui sera beaucoup plus simple que ce qu'ils ont pu vivre par le passé sur le circuit secondaire, où on vit un peu au jour le jour pour grappiller des points et engranger un minimum d'argent pour se structurer", appuie ce dernier. En effet, en 2026, par son nouveau statut et classement, Loïs Boisson se verra davantage imposer un calendrier, et devra jouer un certain nombre de tournois obligatoires du circuit comme l'ensemble des meilleures joueuses mondiales.
La Française Loïs Boisson lors de sa demi-finale à Roland-Garros (Paris), le 5 juin 2025. (CHRISTOPHE SAIDI / SIPA)
Dans ce sillage, Loïs Boisson devra apprendre à gérer l'attente d'un public international, mais surtout français qui cherche sa nouvelle championne de Roland-Garros pour succéder à Mary Pierce (en 2000). "Il y a la gestion mentale d'être attendue mais aussi d'être connue tout simplement, ce qui n'était pas le cas en début d'année, rappelle Nicolas Escudé. On a tendance à le minimiser, mais les sollicitations qui font partie du boulot, peuvent, à un moment donné, te fatiguer mentalement si tu n'y prends pas garde, et t'en faire oublier l'essentiel, qui est d'être avant tout performant sur le terrain."
La saison prochaine, elle devra aussi appréhender ce nouveau statut de joueuse à battre, notamment sur sa surface de prédilection, la terre battue. "Elle aura une cible dans le dos, estime Nicolas Escudé. Les joueuses la connaissent mieux désormais. Je fais le parallèle avec un Giovanni Mpetshi Perricard [58e mondial, deux titres ATP], qui, quand il est arrivé, a surpris par son style de jeu, ses ogives au service, et personne ne connaissait exactement ses armes et ses faiblesses, avant d'apprendre à le contrer."
"Aujourd'hui, avec Loïs Boisson, tout le monde sait qu'elle peut très bien servir avec son kick, qu'elle a un énorme coup droit, mais que son revers est un peu plus fébrile. Tout le monde sait à présent comment la jouer. Le facteur surprise ne fonctionnera plus."
Nicolas Escudé, ex-top 20 et consultant pour Eurosport
à franceinfo: sport
Elle fera ainsi face à des adversaires qui "auront mis en place un plan de jeu très clair et qui n'attaqueront pas le match dans le même état d'esprit face à elle", ajoute Arnaud Clément, qui précise toutefois, qu'au regard de ses qualités athlétiques et tennistiques, un "petit ajustement tactique ne suffira pas à la déstabiliser en tout cas sur terre battue."
Mais atteindre un sommet, comme à Roland-Garros et Hambourg, ne sera pas son seul but. "Son objectif sera d'atteindre u__n niveau moyen suffisamment haut pour ne plus arriver à perdre en dessous.Mais l'acquérir peut demander du temps", prévient Nicolas Escudé.
"Le piège est de basculer dans une attente, celle de la voir jouer toute l'année au niveau que l'on a vu à Roland-Garros, prévient l'ancien top 20, Nicolas Escudé. Elle vivra des semaines, ou des matchs, où elle sentira moins bien la balle, où tout ne se déroulera pas comme prévu. C'est pour cela que je parle de niveau moyen, car gagner des matchs quand tout va bien, c'est facile. Mais quand un grain de sable fait dérailler la machine, c'est justement là où l'on voit les champions."
Depuis sa tournée médiatique post Roland-Garros, Loïs Boisson se fait discrète dans les médias afin de se préserver. Dans une rare interview, accordée le 2 décembre à l'émission Clique, sur Canal +, la jeune femme est apparue posée : "Je n'ai pas d’objectif de classement, je ne veux pas me mettre de la pression. Mon seul objectif est de jouer le plus longtemps possible car j’adore ce que je fais. Je veux prendre du plaisir sur et en dehors du court", a confié Loïs Boisson, glissant que son "plus grand rêve est de remporter Roland-Garros".
"Concernant la 'confirmation', elle n’a pas plus de pression que ça, avait estimé son agent Jonathan Dasnières de Veigy, àTennis Actu.Pour elle, c’est vraiment le début d’une carrière, le début d’une histoire, une première saison dans sa globalité en 2026. Elle ne se dit pas qu’elle doit absolument 'confirmer'. Elle veut surtout atteindre ses objectifs. Elle est vraiment dans cette phase de découverte du circuit." Elle jouera d'ailleurs pour la première fois l'Open d'Australie, aux côtés de son nouvel entraîneur, l'Espagnol Carlos Martinez, qui a pris la suite de Florian Reynet fin août, lequel l'avait menée jusqu'au dernier carré des Internationaux de France.
Toutefois, sa première mission consiste déjà à revenir de sa blessure, une déchirure au quadriceps gauche survenue fin septembre au WTA 1000 de Pékin. Loïs Boisson, qui n'a plus joué depuis son abandon au troisième tour de ce tournoi, s'est finalement résignée à mettre un terme à sa saison le 20 octobre dernier. "Je vais prendre le temps de me reposer puis très vite repartir à l'entraînement pour revenir plus forte en 2026", avait-elle écrit sur son compte Instagram. Un repos forcé qui pourrait s'avérer bénéfique.