Tennis : « Une farce », la bataille des sexes entre Sabalenka et Kyrgios a totalement raté son coup
Présenté comme un événement, 52 ans après la célèbre rencontre entre Bobby Riggs et Margaret Court Smith puis Billie Jean King, ce remake organisé dimanche à Dubaï a tourné à l’exhibition gadget
Le remake de la « bataille des sexes » n’aura pas enthousiasmé grand monde, et on est gentil en disant ça. La rencontre exhibition dimanche à Dubaï entre Aryna Sabalenka et Nick Kyrgios, présentée comme un événement 52 ans après celle ayant opposé l’Américain Bobby Riggs aux deux meilleures joueuses de l’époque, Margaret Court Smith puis Billie Jean King, a accouché d’un moment malaisant, et surtout peu reluisant pour le tennis féminin. Ce n’était sûrement pas l’idée à la base.
L’organisation de la rencontre en elle-même, avec d’un côté celle qui règne sur le circuit féminin depuis deux ans et de l’autre un semi-retraité blessé retombé au-delà de la 650e place mondiale, sur un terrain qui n’avait pas la même taille des deux côtés du filet, laissait les observateurs pour le moins perplexe. La tenue de la rencontre n’a fait que confirmer les doutes.
« Pourquoi est-ce qu’elle a accepté ces règles ? »
Kyrgios s’est imposé en deux sets (6-3, 6-3) face à la numéro 1 mondiale sans courir beaucoup ni frapper très fort dans la balle, sans qu’on sache trop si c’était parce que le terrain d’en face était plus petit ou pour d’autres raisons. L’impression visuelle était en tout cas un brin humiliante pour Sabalenka. C’est l’avis par exemple d’Alizé Cornet, qui s’est exprimée sur RMC :
« J’aimerais bien poser la question à Aryna Sabalenka, pourquoi est-ce qu’elle a accepté ces règles-là ? Pourquoi elle a accepté de réduire le terrain ? Elle peut quand même jouer sur un terrain normal contre Nick Kyrgios. On sait très bien que les filles et les garçons, au plus haut niveau, on peut jouer ensemble du fond de court. »
Les réactions à l’internationale sont à l’avenant. « Un match décourageant, qui oscillait entre exhibition, gadget et cirque pur et simple », a écrit par exemple le Guardian, pour qui la comparaison avec l’événement de 1973 ne tient pas. Il s’agissait pour les femmes d’affirmer leur valeur alors que leur circuit professionnel était en train de s’organiser et la victoire de King sur Riggs, qui avait d’abord dominé Court Smith, avait eu un certain retentissement.
« Les réactions sur les réseaux sociaux après la victoire de Kyrgios suggèrent que ce dernier match a eu l’effet inverse. Les misogynes et les incels étaient ravis. Les puristes du tennis étaient consternés », poursuit le quotidien britannique.
En Australie, le Sydney Morning Herald a jugé ce show « maladroit, gênant et coûteux ». Même chose pour les Espagnols de , qui ont ajouté le terme « superficiel ». Et ce n’est pas la triste ambiance de la Coca-Cola Arena de Dubaï qui a sauvé l’événement, malgré la présence de quelques célébrités comme le Brésilien Ronaldo. « Même les applaudissements semblaient forcés et, à la fin, chacun semblait soulagé que ce soit terminé », .